« Amap du numérique » et pas ersatz de géant du Web, Framasoft annonce la fermeture à venir d’une partie de ses services alternatifs aux GAFAM. Et escompte la reprise de plusieurs, ses logiciels étant libres.
C’est une page de l’histoire du numérique qui se tourne en douceur: Framasoft a annoncé cette semaine, dans un long billet ironiquement titré « Déframasoftisons Internet! », la fermeture à venir de plusieurs de ses services. Cinq ans après le lancement des premiers, l’association en est arrivée à 38 services, « une trop grande diversité et complexité de logiciels à aborder (pour vous) ainsi qu’à maintenir et promouvoir (pour nous) ».
Framasoft revendique sa volonté de rester une association à taille humaine (9 salariés, une trentaine de membres, des actions « auxquelles contribuent 700 à 800 bénévoles »), « une espèce d’Amap du numérique ».
La ribambelle de services créés par Framasoft depuis 2014
Les auteurs du billet le reconnaissent, l’expérimentation (annoncée comme telle en 2014) qui devait s’achever fin 2017 n’avait pas été conçue pour succès qu’elle a rencontré. Pas question pour autant de fermer dans quelques jours ou semaines, les fermetures vont s’étaler sur au moins deux années, les premières fermetures n’intervenant pas avant 2021, et pour certains services 2022.
Susciter des reprises
L’association souligne:
« Vous noterez au passage que nous prenons le soin de faire ce que les géants du web n’ont jamais fait : annoncer longtemps à l’avance un plan de fermetures et travailler pour vous accompagner encore plus loin dans votre dégooglisation. »
Ses 38 services, cela représente « 35 logiciels différents (chacun avec son rythme de mise à jour, ses communautés qui s’activent ou s’épuisent, etc.), écrits dans 11 langages (et 5 types de bases de données), répartis sur 83 serveurs et machines virtuelles, qu’il faut surveiller, mettre à jour, régler, sauvegarder, déboguer, promouvoir, intégrer à notre support… »
Certains de ces services ne marchent plus, d’autres ont tendance si on ne les arrête pas à « croître de manière illimitée, ce qui n’est pas tenable (Framasite, Framabag, Framabin, etc.). Il y a des services qui demandent beaucoup, beaucoup d’efforts si on veut éviter les utilisations frauduleuses, quand on est aussi visible que Framasoft (Framalink, Framapic).
Ne parlons pas du cas des médias sociaux fédérés (Framapiaf, Framasphere), qui demandent un lourd travail de modération et fonctionneraient de façon bien plus fluide si nous n’avions pas accueilli autant d’inscriptions. »
L’association met en avant cet énorme avantage du logiciel libre sur le logiciel propriétaire: alors que quand un géant, tel que Google, tue un de ses projets, le code est généralement privé et empêche donc toute reprise par d’autres, « le logiciel libre, au contraire, permet à d’autres de prendre le relais ».
Dix services maintenus
Framasoft relève que « c’est d’ailleurs dans cette optique de décentralisation que nous avons travaillé sur des outils facilitant l’auto-hébergement (tel que Yunohost), ainsi qu’avec le collectif d’hébergeurs alternatifs qu’est CHATONS. »
Cette annonce faite longtemps à l’avance vise ainsi à susciter des vocations et des offres de reprise ou de création de nouveaux services.
Enfin, Framasoft ne va pas fermer tous ses services: huit sont maintenus, promet l’association: Framadate (rendez-vous, sondages), Framapad (éditeur de texte collaboratif), Framindmap, Framagenda, Framadrive (ce dernier a atteint la taille limite de 5.000 comptes et n’en bougera pas), Framavox (prise de décision collaborative), Framacarte et Framatalk (visioconférence). Deux autres, Framagames et Framinetest (jeu « bac à sable »), seront juste « déplacés ».
L’association veut ainsi pouvoir se concentrer sur quelques points clés – des annonces sont à venir – et des projets comme PeerTube qu’elle soutient.
Source zdnet.fr