Les institutions européennes arrivent sur Mastodon et PeerTube, alternatives à Twitter et YouTube

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Pour diffuser messages, textes, vidéos etc., le Contrôleur européen des données lance deux plateformes, avec les réseaux sociaux libres et décentralisés Mastodon et PeerTube, ouvertes aux institutions de l’UE.

Le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, en juin 2015. Photo: Fred Romero / Wikimedia Commons / CC by

Le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD, ou EDPS en anglais) a annoncé il y a quelques jour lancer la phase pilote de deux plateformes de réseaux sociaux, EU Voice et EU Video, installées sur Mastodon et PeerTube, alternatives libres et décentralisées à Twitter et YouTube. Un lancement préparé de longue date et donc avant l’annonce du rachat de Twitter par Elon Musk et ce qu’on peut craindre de sa vision du réseau social (open bar pour les infox et propos haineux au nom d’une vision de la liberté d’expression sans limite – enfin, à l’exception des syndicats et des critiques de Musk…), mais qui tombe aujourd’hui d’autant mieux.

« Favoriser l’indépendance de l’Europe »

«Les institutions, organes, offices et agences de l’Union européenne participant à la phase pilote de ces plateformes pourront interagir avec le public en partageant des textes courts, des images et des vidéos sur EU Voice; et en partageant, téléchargeant et commentant des vidéos et des podcasts sur EU Video», indique le CEPD.

En lançant cette phase pilote, le CEPD «vise à contribuer à la stratégie de l’Union européenne en matière de données et de souveraineté numérique afin de favoriser l’indépendance de l’Europe dans le monde numérique».

Wojciech Wiewiórowski, le contrôleur européen de la protection des données, explique ce choix:

«Avec le lancement pilote de EU Voice et EU Video, nous visons à proposer des plateformes de réseaux sociaux alternatives qui donnent la priorité aux individus et à leurs droits à la vie privée et à la protection des données. Concrètement, cela signifie, par exemple, que EU Voice et EU Video ne reposent pas sur des transferts de données personnelles vers des pays hors de l’Union européenne et de l’Espace économique européen; il n’y a pas de publicités sur les plateformes; et il n’y a pas de profilage des personnes susceptibles d’utiliser les plateformes. Ces mesures, entre autres, donnent aux individus le choix et le contrôle sur la manière dont leurs données personnelles sont utilisées.»

Droit à la vie privée

Le CEPD indique avoir collaboré étroitement avec la direction générale de l’informatique (DIGIT) de la Commission européenne tout au long du développement de EU Voice et EU Video. «Conformément aux objectifs de la stratégie de la Commission en matière de logiciels open source 2020-2023, l’assistance technique de DIGIT au CEPD prouve l’importance de la coopération interinstitutionnelle sur l’open source comme catalyseur du droit à la vie privée et de la protection des données, contribuant ainsi à la souveraineté technologique de l’UE. Le lancement de la phase pilote de EU Voice et EU Video aidera le CEPD à tester les plateformes dans la pratique en recueillant les commentaires des IUE participantes. Le CEPD espère que cette première étape marquera une continuité dans l’utilisation des plateformes de médias sociaux respectueuses de la vie privée.»

Pionnière parmi les institutions de l’UE, la Cour de justice de l’union européenne (CJUE) a créé son instance Mastodon, où elle a publié 68 messages depuis le 28 avril.

PeerTube, soutenu par Framasoft, a connu son décollage en 2018. A fin mars, la plateforme comptait 610.000 vidéos, hébergées par un millier d’instances.

Source zdnet.fr

Alexis Kauffmann, fondateur de Framasoft, rejoint la Direction du numérique à l’ÉducationLibris nationale

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Professeur de mathématiques à l’origine de la très active association libriste Framasoft, Alexis Kauffmann devient « chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique » à la Direction du numérique de l’Éducation nationale.

Le professeur de mathématiques Alexis Kauffmann, fondateur de Framasoft, lors de l’événément «Nuit du C0de» au Lycée français de Taipei en 2017. Photo: FramaKa / Wikimedia Commons / CC by-sa

C’est la rentrée, pour les élèves comme pour les enseignants (et les parents :-)), et elle a lieu tous azimuts. Cette semaine, Alexis Kauffmann a annoncé son arrivée à la Direction du numérique pour l’éducation comme chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique. La DNE est une branche de l’Education nationale, qui indique sur son site qu’elle «assure la mise en place et le déploiement du service public du numérique éducatif. Elle dispose d’une compétence générale en matière de pilotage et de mise en œuvre des systèmes d’information.»

Une « nouvelle aventure professionnelle »

Un tweet pas passé inaperçu, avec un bon millier de «j’aime» et 150 retweets, et surtout 170 réponses et commentaires. Pas étonnant compte tenu de la personnalité qui annonce cette «nouvelle aventure professionnelle»: professeur de mathématiques, Alexis Kauffmann est un libriste de longue date, fondateur de Framasoft en 2001 (le site de l’enseignant donne lieu en 2004 à une association loi de 1901). Il avait déposé le nom de domaine framasoft.net le 9 novembre 2001, soit 20 ans déjà dans deux mois.

«Espèce d’Amap du numérique», comme elle se définissait avec le sourire en 2019, Framasoft est devenue une des principales associations du Libre en France, avec ces dernières années le développement et la promotion de services alternatifs aux GAFAM – au point d’être parfois dépassée par leur succès (mentionnons aussi parmi les nombreuses actions de l’association sa collection de livres Framabook).

L’Education nationale a souvent suscité la polémique (comme la Défense) pour ses liens privilégiés avec Microsoft et les projets de loi au fil des ans ont à plusieurs reprises été très débattus sur la question du logiciel libre à l’Education nationale (exemple en 2013), et plus largement dans le secteur public.

Une proposition des Etats Généraux du Numérique

Le « mammouth », selon le sobriquet polémique d’un ancien ministre de l’Education nationale recyclé en climato-sceptique spécialiste des infox, serait-il en train d’évoluer? L’an dernier, les Etats Généraux du Numérique (EGN) ont abouti en novembre 2020 à 40 propositions. Parmi lesquelles se trouvait une proposition 38, «Encourager l’utilisation de logiciels et de ressources éducatives libres». Elle indique:

«Il s’agit de construire, avec les opérateurs de l’État, un programme du libre en éducation doté d’indicateurs, pour fournir des solutions, services et ressources portables et pérennes à l’ensemble de la communauté éducative.

La mise en œuvre de cette action vise à exploiter le pouvoir d’innovation et de collaboration du libre en éducation.»

Dans la présentation du contexte de cette proposition, il est précisé:

«Depuis plusieurs années le ministère de l’éducation nationale, ses opérateurs, les académies travaillent à la production de services et de ressources basées sur des logiciels libres et le libre en éducation. À ce jour:

–  Plus de 95% des serveurs des hébergements nationaux sont sous Linux Redhat;

–  M@gistère, la plateforme nationale de formation continue des enseignants, utilise le logiciel libre Moodle;

–  L’ENT de l’académie de Rennes, «Toutatice», ainsi que l’application nationale d’espace collaboratif «Tribu»
utilisent une base similaire;

–  apps.education.fr (ensemble de logiciels libres pour le domaine de l’éducation) a permis de sortir à grande échelle, lors du premier confinement, un ensemble de fonctionnalités (drive, visioconférence, bureautique collaborative, partage vidéo, etc.) s’appuyant sur des logiciels libres existants.»

Alexis Kauffmann avait à l’époque (il enseignait alors au lycée français de Florence en Italie) fait une offre de services via Twitter, «pour une mission d’un an visant à amorcer, fédérer et structurer une communauté autour de la proposition 38 « Encourager l’utilisation de logiciels et de ressources éducatives libres »».

Peut-être a-t-elle contribué à ce recrutement, salué par maints libristes… qui mettent ainsi «gentiment la pression» sur l’intéressé, a-t-il noté dans un second tweet. Le fondateur de Framasoft (dont il a été salarié de 2012 à 2014, rappelle l’article de Wikipédia qui lui est consacré) y souligne que sa nomination est «un jalon de plus pour le libre éducatif, et [il] remercie celles et ceux qui ont oeuvré à cela, parfois depuis des années, voire des décennies». Vingt ans après les premiers pas de son site personnel qui allait déboucher sur une des structures les plus actives du Libre au niveau national, il est vrai que l’époque semble marquer quelques avancées.

Circulaire Castex, rapport Latombe… et des actes?

La circulaire Castex du 27 avril 2021 mentionne notamment: «Cette ambition renouvelée implique, en outre, un renforcement de l’ouverture des codes sources et des algorithmes publics, ainsi que de l’usage du logiciel libre et ouvert.»

Ira-t-on enfin au-delà des déclarations d’intention (9 ans déjà depuis la circulaire Ayrault)? La mission d’information «Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne» de l’Assemblée nationale, dirigée par le député Philippe Latombe (MoDem), a rendu son rapport le 12 juillet. Elle prône dans sa proposition n° 52: «Imposer au sein de l’administration le recours systématique au logiciel libre, en faisant de l’utilisation de solutions propriétaires une exception.»

Comme le montrent les nombreuses réactions à l’annonce de la nomination d’Alexis Kauffmann à la Direction du numérique pour l’éducation, les espoirs sont aussi grands que… les inquiétudes compte tenu d’un long passé d’immobilisme au profit des GAFAM. Alors, on croise les doigts en espérant que ce recrutement augure de vraies avancées. La devise de Framasoft, rappelons-le, est «La route est longue, mais la voie est libre».

Source zdnet.fr

Mobilizon, l’alternative décentralisée de Framasoft à Facebook pour les groupes et évènements

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En préparation depuis environ deux ans, Mobilizon est enfin disponible. Le service vient concurrencer Facebook sur le terrain des pages de groupes et évènements, avec la même approché décentralisée et fédérée que d’autres projets de Framasoft.

L’association française revient avec un nouveau service, attendu de pied ferme : Mobilizon. Comme elle le décrit elle-même, l’idée est née de besoins exprimés de proches impliqués dans des marches, permanences, ateliers ou évènements. Problème, il reste difficile de trouver un service capable de rassembler d’autres personnes avec une interface pratique et des outils organisationnels sans en venir à un réseau social tel que Facebook.

Il s’agissait au départ de proposer un produit facilitant les rassemblements de militants, quelles que soient les causes. L’association a donc développé petit à petit le projet, discutant notamment avec des designers pour comprendre les attentes des concernés. Rapidement, les contours étaient cernés : le logiciel devait être libre (il est diffusé sous licence AGPLv3), fédéré, orienté vers la gestion des évènements et des groupes, et accueillant.

Ce dernier point devait couvrir les explications d’utilisation, de découverte des hébergements et d’installation. On reprend, dans les grandes lignes, les bases de Mastodon. Mobilizon aurait normalement dû être finalisé cet été. Mais, comme le précise l’association, la pandémie de Covid-19 a tout bousculé.

De nombreux membres de l’équipe, dont le développeur principal (Thomas, coconcepteur avec la designer Marie-Cécile Godwin Paccard), ont dû mettre en suspens leurs projets pour soutenir « l’effort de guerre ».

Source nextinpact.com

Framasoft va fermer une partie de ses services de « Dégooglisons Internet »

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« Amap du numérique » et pas ersatz de géant du Web, Framasoft annonce la fermeture à venir d’une partie de ses services alternatifs aux GAFAM. Et escompte la reprise de plusieurs, ses logiciels étant libres.

C’est une page de l’histoire du numérique qui se tourne en douceur: Framasoft a annoncé cette semaine, dans un long billet ironiquement titré « Déframasoftisons Internet! », la fermeture à venir de plusieurs de ses services. Cinq ans après le lancement des premiers, l’association en est arrivée à 38 services, « une trop grande diversité et complexité de logiciels à aborder (pour vous) ainsi qu’à maintenir et promouvoir (pour nous) ».

Framasoft revendique sa volonté de rester une association à taille humaine (9 salariés, une trentaine de membres, des actions « auxquelles contribuent 700 à 800 bénévoles »), « une espèce d’Amap du numérique ».

La ribambelle de services créés par Framasoft depuis 2014

Les auteurs du billet le reconnaissent, l’expérimentation (annoncée comme telle en 2014) qui devait s’achever fin 2017 n’avait pas été conçue pour succès qu’elle a rencontré. Pas question pour autant de fermer dans quelques jours ou semaines, les fermetures vont s’étaler sur au moins deux années, les premières fermetures n’intervenant pas avant 2021, et pour certains services 2022.

Susciter des reprises

L’association souligne:

« Vous noterez au passage que nous prenons le soin de faire ce que les géants du web n’ont jamais fait : annoncer longtemps à l’avance un plan de fermetures et travailler pour vous accompagner encore plus loin dans votre dégooglisation. »

Ses 38 services, cela représente « 35 logiciels différents (chacun avec son rythme de mise à jour, ses communautés qui s’activent ou s’épuisent, etc.), écrits dans 11 langages (et 5 types de bases de données), répartis sur 83 serveurs et machines virtuelles, qu’il faut surveiller, mettre à jour, régler, sauvegarder, déboguer, promouvoir, intégrer à notre support… »

Certains de ces services ne marchent plus, d’autres ont tendance si on ne les arrête pas à « croître de manière illimitée, ce qui n’est pas tenable (Framasite, Framabag, Framabin, etc.). Il y a des services qui demandent beaucoup, beaucoup d’efforts si on veut éviter les utilisations frauduleuses, quand on est aussi visible que Framasoft (Framalink, Framapic).

Ne parlons pas du cas des médias sociaux fédérés (Framapiaf, Framasphere), qui demandent un lourd travail de modération et fonctionneraient de façon bien plus fluide si nous n’avions pas accueilli autant d’inscriptions. »

L’association met en avant cet énorme avantage du logiciel libre sur le logiciel propriétaire: alors que quand un géant, tel que Google, tue un de ses projets, le code est généralement privé et empêche donc toute reprise par d’autres, « le logiciel libre, au contraire, permet à d’autres de prendre le relais ».

Dix services maintenus

Framasoft relève que « c’est d’ailleurs dans cette optique de décentralisation que nous avons travaillé sur des outils facilitant l’auto-hébergement (tel que Yunohost), ainsi qu’avec le collectif d’hébergeurs alternatifs qu’est CHATONS. »

Cette annonce faite longtemps à l’avance vise ainsi à susciter des vocations et des offres de reprise ou de création de nouveaux services.

Enfin, Framasoft ne va pas fermer tous ses services: huit sont maintenus, promet l’association: Framadate (rendez-vous, sondages), Framapad (éditeur de texte collaboratif), Framindmap, Framagenda, Framadrive (ce dernier a atteint la taille limite de 5.000 comptes et n’en bougera pas), Framavox (prise de décision collaborative), Framacarte et Framatalk (visioconférence). Deux autres, Framagames et Framinetest (jeu « bac à sable »), seront juste « déplacés ».

L’association veut ainsi pouvoir se concentrer sur quelques points clés – des annonces sont à venir – et des projets comme PeerTube qu’elle soutient.

Source zdnet.fr

Mobilizon : l’arme libre contre les événements de Facebook est en campagne

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L’association Framasoft lance une collecte pour le logiciel Mobilizon. 50 mille euros sont recherchés, mais plus de 50% de l’objectif a déjà été récolté. Chacun peut participer.

C’est quoi, Mobilizon ?

Dans le cadre de sa campagne Contributopia, l’association Framasoft avait annoncé qu’elle lancerait un nouveau service qui permettrait à des communautés de créer des espaces de publication d’événements, afin de mieux s’émanciper des géants du web.

En effet, lorsque l’on organise des regroupements avec les outils Facebook ou via des plateformes à la Meetup, on « abandonne à ces plateformes dévoreuses de données toutes les informations des membres du groupe », déclare Framasoft.

Une alternative libre et fédérée à Meetup et Facebook Évènements

Mobilizon se présente comme un logiciel libre éthique, « respectueux des libertés fondamentales des personnes désireuses de se rassembler ».
Les membres de l’association ont passé ces derniers mois à analyser les outils déjà existants afin d’en comprendre les différentes fonctionnalités et à d’interroger sur « comment nous pourrions les déployer en respectant les utilisateurs ».

Le logiciel fédéré doit permettre aux différentes communautés d’installer leur propre instance (site web de publication d’événements). Les instances Mobilizon auront la possibilité technique de se connecter les unes avec les autres et ainsi de favoriser les interactions entre les communautés et leurs utilisateur⋅ices.

Le protocole de fédération ActivityPub permettant l’interaction entre logiciels utilisant ce même protocole, Mobilizon pourra ainsi être en lien avec Mastodon (alternative à Twitter), PeerTube (alternative à YouTube) et bien d’autres outils similaires.

Le site web

Source toolinux.com