La fondation Wikimedia veut vendre aux géants de la tech un accès amélioré aux données de Wikipédia

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Un accès pour les très grandes entreprises utilisant du contenu Wikimedia « et qui ont des besoins considérables en termes de volume, rapidité, et fiabilité de service » leur sera proposé moyennant finances d’ici quelques mois.

La fondation Wikimedia (WMF) a annoncé la création d’une filiale commerciale, Wikimedia Enterprise (une page web pour l’instant, qui annonce un lancement plus tard en 2021), sous forme de «limited liability company» (LLC). L’encyclopédie restera gratuite et accessible pour tous, humains et bots, explique la fondation, et toutes ses API resteront disponibles. L’objectif d’Enterprise est de proposer un accès payant à un service amélioré pour les très grandes entreprises (GAFAM et autres géants de la tech, autrement dit, qui utilisent le contenu de Wikipédia pour les réponses aux moteurs de recherche et objets connectés, par exemple).

Sécuriser les financements de la fondation

En préparatifs jusqu’alors sous le nom de projet Okapi (pour le « API » dans son nom), Enterprise «est avant tout une interface de programmation (API) pour le contenu Wikimedia. Elle est conçue pour les exigences des très grandes organisations qui utilisent le contenu Wikimedia dans leurs services commerciaux et qui ont des besoins considérables en termes de volume, rapidité, et fiabilité de service. Ce service sera accompagné d’une garantie contractuelle (un ‘Service Level Agreement’ ou SLA) pour les clients payants.»

Cette nouveauté s’inscrit dans la stratégie Wikimedia 2030 de la fondation, qui souhaite une meilleure pérennité de ses financements, notant:

«Le modèle actuel, qui dépend largement des dons faits à partir des bannières sur Wikipédia, manque de résilience face aux changements externes et pourrait devenir moins efficace face aux tendances futures en matière de technologie et de consommation du savoir. Par exemple, le trafic direct pourrait diminuer à cause de l’augmentation de l’accès à l’information via des assistants virtuels ou des moteurs de recherche.»

« Vendre son âme »

Simple ajout d’une nouvelle source de revenus pour que Wikipédia reste le projet gratuit que l’on connaît, ou début d’une inflexion vers un modèle économique altérant ce qui motive ses milliers de bénévoles? Cette annonce provoque évidemment réactions et commentaires chez les wikipédiens. Dans le Bistro, principal forum de discussion de la version en français, un échange le 16 mars montre bien les deux points de vue opposés sur cette innovation. Liam Wyatt,  un Australien travaillant pour la fondation, expose:

«La construction de l’API Wikimedia Enterprise permet aux organisations à but lucratif qui ont construit des modèles commerciaux à partir de l’utilisation de contenu Wikimedia librement disponible d’investir également dans le mouvement Wikimedia de manière stable et fiable.

Le contenu lui-même est déjà disponible, et ils l’utilisent déjà, et ils en profitent déjà. Donc, rien à ce sujet n’est nouveau ou changé. Je pense qu’il est prudent de dire que Big Tech n’a aucun attachement idéologique ou émotionnel au succès à long terme des projets Wikimedia – et les tentatives passées pour nous remplacer (par exemple Knol) le montrent. C’est l’une des raisons pour lesquelles ce service Enterprise API est en cours de construction. Au lieu d’essayer simplement de faire appel à des arguments moraux selon lesquels il est ‘bon’ et ‘juste’ pour ces organisations de faire un don pour investir dans la connaissance libre qui soutient leur modèle d’entreprise… ce projet tente de créer un produit qu’ils VEULENT acheter – cela ne limite pas du tout les options existantes.»

Un wikipédien, Croquemort Nestor, parle de «vendre son âme», et réplique:

«C’est donc bien ça: ‘investir dans le mouvement Wikimédia’; ‘un produit’; ‘nous parler leur langue – la langue des contrats commerciaux’; ‘SL’: tout cela = dérive commerciale à l’opposé de l’esprit et des principes de WP. Triste époque!»

« Le contenu se retrouve sur de nouveaux outils »

Ce à quoi Liam Wyatt répond:

«Ces entreprises gagnent déjà de l’argent grâce à notre contenu, et l’utilisation commerciale de notre contenu a toujours été autorisée / acceptable selon nos licences. Je comprends que votre argument se situe à un niveau plus fondamental, à savoir que nous ne devrions pas facturer ces entreprises pour l’infrastructure que leurs utilisations exigent. Néanmoins, leur utilisation de notre contenu est valable et importante – pour diffuser des connaissances à beaucoup plus de personnes que de visiter directement nos sites. Donc, nous devrions soutenir leur utilisation, mais si nous ne leur facturons pas de l’argent pour construire ce service dont ils ont spécifiquement besoin, alors nous subventionnons l’infrastructure technologique de GAFA avec l’argent de petits dons.»

Pyb, président de l’association Wikimédia France (qui soutient et promeut Wikipédia en France), indique dans le même Bistro, le lendemain:

«Wikimedia Enterprise est une entreprise (Limited liability company) qui va proposer de nouveaux services (nouvelles données, qualité de service) à des entreprises. Par le passé, Orange a déjà payé pour ce genre de service. OpenStreetMap ne commercialise pas de services, mais bloque les très gros réutilisateurs afin qu’ils déploient leur propre infrastructure, ce qui est le cas pour WMF avec Wikimedia Maps. Pour comprendre ce projet, il faut avoir en tête le contexte: le trafic des projets n’augmente pas alors que le contenu se retrouve sur de nouveaux outils (moteur de recherche, enceinte connectée, commande vocale des téléphones).»

Monétiser le Libre?

Suit un échange sur la monétisation du Libre (avec une référence à Red Hat acquis 34 milliards de dollars), où le wikipédien 7zz écrit:

«Je sais bien que le libre a des modèles économiques. En général basés sur les services, et c’est la seule possibilité que je vois ici: peut-être faciliter la rediffusion de contenu sous des formes plus digestes pour les plateformes? Mais il me semble qu’il y a assez peu de marge de manœuvre. Après, ce n’est pas loufoque non plus, WMF paie forcément les serveurs et la bande passante, il semblerait juste que quelque chose soit payant pour les utilisateurs ayant des besoin très particuliers. Un peu à la façon dont certaines plateformes en ligne utilisent du logiciel libre pour des services payants, basés sur de la mise à disposition de serveur avec valeur ajoutée.»

Jules* (l’astérisque fait partie du pseudonyme, ne cherchez pas de note de bas de page à la fin de ce billet ;-)):

«Le principal risque que je vois avec cette initiative, et qui est d’ailleurs évoqué dans meta:Wikimedia_Enterprise/fr#Conserver_notre_indépendance, est qu’à moyen terme la WMF ne devienne partiellement dépendante de cette source de revenus, donc des entreprises qu’elle compte parmi ses clients. La WMF s’engage, le cas échéant, à en rediscuter avec la communauté, mais cela me semble trop léger. La communauté devrait d’ores et déjà être consultée pour déterminer un pourcentage maximum des revenus de la WMF pouvant provenir de Wikimedia Enterprise (par exemple: inscrire dans les statuts ou tout autre document légal contraignant que la WMF ne peut pas tirer plus de 10% de ses revenus de Wikimedia Enterprise).»

Le débat promet de durer un bon moment, tant il touche comme on le voit beaucoup de points sensibles.

 

112,5 millions de dollars de dépenses en 2019-2020

Pour son exercice financier de juillet 2019 à juin 2020 (PDF), la fondation a dépensé 112,5 millions de dollars (dont la moitié en salaires) – soit 94 millions d’euros – et reçu 129,2 millions de dollars (108 millions d’euros), dont plus de 120 millions en dons. La WMF indique compter près de 6 millions de donateurs, et précise que les gros donateurs (institutions, fonds philanthropiques etc.) lui ayant donné chacun plus de 1.000 dollars lui ont apporté au total 14,9 millions de dollars.

Des entreprises apportent aussi leur contribution en proposant à leurs employés de faire des dons, qui sont doublés ou triplés par leur entreprise. Ce système a apporté 1,5 million de dollars, dont 490.000 par Google, 154.600 par Apple et 181.000 par Microsoft.

Source zdnet.fr

Sécurité de Linux : une enquête de la Linux Foundation

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Les logiciels open source et Linux sont à présent partout dans le monde IT. L’occasion pour Harvard et la Linux Foundation de lancer une grande enquête sur la sécurité des FOSS.

Pour David A. Wheeler, responsable de la sécurité de Linux Foundation, « nous devons aujourd’hui avoir une meilleure compréhension des enjeux pour rendre l’open source plus sécurisé encore ».

En 2020, vu la prolifération de Linux et des logiciels libres, l’Université de Harvard et la Fondation lancent une grande enquête auprès des DSI, des contributeurs et des développeurs. Objectif : identifier comment améliorer la sécurité et la pérennité de l’écosystème libre.

Le questionnaire a été élaboré et mis en place par la Core Infrastructure Initiative de la Linux Foundation, en collaboration avec le Laboratory for Innovation Science de Harvard. La participation se fait en anglais et prend entre 15 et 20 minutes. Vous avez jusqu’au début du mois d’août pour apporter votre son de cloche et vos impressions aux équipes en charge. En participant, vous aurez la possibilité de recevoir les conclusions de l’enquête lors de leur publication, avant l’automne.

Le questionnaire (en anglais).

Source toolinux.com

La fondation Linux veut améliorer la sécurité de l’open source

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La Linux Foundation annonce un partenariat avec l’Open Source Technology Improvement Fund (OSTIF) pour développer ensemble des audits de sécurité.

La fondation Linux annonce ce mardi «un partenariat stratégique pour améliorer la sécurité des logiciels open source, devenue critique pour l’infrastructure mondiale», avec l’Open Source Technology Improvement Fund (OSTIF).

Le logo de la fondation Linux

Les deux organisations vont développer ensemble des audits de sécurité «pour les communautés open source largement étendues». La Linux Foundation va ainsi augmenter ses travaux sur les audits de sécurité – elle indique avoir déjà investi plus d’un million de dollars dans une vingtaine de projets open source à ce jour – en y incluant des experts du réseau de l’OSTIF.

« Renforcer la confiance » dans l’open source

Ce dernier «partagera les ressources disponibles via le Community Bridge de la fondation Linux, un écosystème de financement et de soutien pour les développeurs et les projets, avec sa communauté pour aider à lever des fonds pour de nouveaux audits».

Amir Montazery, vice-président de l’OSTIF, salue dans le communiqué des deux organisations «la capacité de la fondation Linux à collecter des fonds auprès de toutes les industries pour soutenir des milliers de développeurs à travers le monde, sans précédent».

Dans le cadre de ce partenariat, la fondation nommera son vice-président des programmes stratégiques, Mike Dolan, au conseil consultatif de l’OSTIF. Ce dernier commente le rapprochement des deux entités comme une «collaboration naturelle qui, nous l’espérons, renforcera la confiance dans la chaîne de fourniture mondiale des logiciels open source qui sous-tend la société moderne».

Comme la fondation, l’OSTIF est un organisme à but non lucratif, qui repose sur des levées de fonds auprès du public et des dons d’entreprises et d’entités gouvernementales.

On trouve dans son conseil consultatif des représentants entre autres de Red Hat, Internet Security Research Group (l’ISRG est lui-même soutenu par Mozilla, l’EFF, Cisco, Akamai et l’université du Michigan), F-Secure, DuckDuckGo, OpenSSL (de son comité de management)…

Source zdnet.fr

La fondation Linux accueille 34 nouveaux membres

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La fondation Linux dépasse à présent 1.000 membres. HP est un des nouveaux entrants.

La fondation Linux annonce que pas moins de 29 nouveaux membres « Argent » (« Silver » en VO) et 5 membres associés viennent de la rejoindre. L’organisation à but non lucratif rappelle que ses membres soutiennent le développement de ressources technologiques partagées, tout en « accélérant leur propre innovation via le leadership de l’open source et la participation à plusieurs des plus grandes réussites de projets open source comme Hyperledger, Kubernetes, Linux, Node.js et ONAP ».

Logo de la Linux Foundation

En 2018, souligne la fondation, elle a accueilli une nouvelle organisation adhérente par jour, et elle compte à présent plus de 1.000 membres. Parmi ses nouveaux membres Argent, on remarque notamment HP et STMicroelectronics.

« Une très large variété d’industries »

Jim Zemlin, le directeur exécutif de la Linux Foundation, a salué l’arrivée de ces 34 nouvelles entreprises:

« Ces organisations, qui représentent une très large variété d’industries à travers le monde, vont apporter des ressources et des connaissances de valeur à un écosystème de l’open source déjà en expansion. »

La fondation indique que beaucoup des nouveaux membres ont rejoint, outre l’organisation, des projets qu’elle soutient comme Automotive Grade Linux (qui réunit des constructeurs automobiles – Ford, Honda, Mercedes, Toyota et d’autres -, des sous-traitants du secteur et des entreprises tech – dont Amazon -, travaillant ensemble à une plateforme à base de Linux pour véhicule connecté), la Cloud Native Computing Foundation (CNCF, créée en 2015 pour promouvoir les conteneurs d’applis, par Google, Red Hat, Twitter, Huawei, Intel, Cisco, IBM, Docker, entre autres – c’est elle qui a en charge Kubernetes), la fondation Ceph (créée fin 2018 et dédiée à la plateforme libre de stockage dédié éponyme), etc.

Source zdnet.fr

La Fondation Linux lance son programme ELISA

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Le 21 février, la Fondation Linux a officiellement lancé son nouveau projet open source, destiné à créer une boîte d’outils et de pratiques pour développer et certifier des systèmes critiques.

Le projet Elisa (traduction « Enabling Linux in Safety Applications ») entend contrer les défaillances pouvant engendrer des dégâts environnementaux, des dégradations et des pertes en vies humaines.

Le nouveau programme open source se lance avec la collaboration de grandes entreprises de l’automobile, notamment BMW ou Toyota, et s’inscrit dans le sillon de l’Automotive Grade Linux (AGL) 5.0 lancé l’an dernier. Il compte également des acteurs comme Kuka, Linutronix, Amazon et même ARM. L’idée est de pouvoir imposer Linux comme base standardisée et ouverte des systèmes critiques de sécurité, peu importe l’industrie visée.

Le communiqué officiel peut être consulté sur le site de la Fondation (en anglais).

Site web : Elisa.tech

Source toolinux.com