Pique-nique | Anniversaire April

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Pour fêter les 25 ans de l’ association nationale de défense et de promotion des logiciels libres, retrouvons-nous le dimanche 19 juin 2022 de 12h00 à 17h00 pour un pique-nique au parc Longchamp à Marseille (entrée côté Métro 5 avenues, sur la grande pelouse après le pont, au fond).

Ramenez quelque chose à manger et boire, nous partagerons tous ensemble.

N’hésitez pas à inviter largement vos amies et amis autour de vous, le libre nous rassemble ,

L’ April a fêté ses 25 ans en 2021 (en fin d’année). L’association a été déclarée le 20 novembre 1996 à la préfecture de Bobigny, et la création a été publiée au Journal Officiel n° 51 du 18 décembre 1996.

La situation sanitaire n’a pas pas permis à l’April d’organiser une fête conséquente sur Paris (comme ce fut le cas pour les 20 ans), ni d’inviter les membres à organiser d’autres soirées en région.

Néanmoins, il est important de marquer le coup! Ainsi, un format plus adapté au contexte et qui reste très agréable par beau temps a été proposé: le pique-nique. Il a donc été proposé d’organiser des piques-niques dans différents lieux en France en juin 2022.

Cet événement est organisé par l’association CercLL et le collectif AÏOLibre

L’April présente aux JRES du 17 au 20 mai 2022 à Marseille

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La 14e édition des JRES (Journées RÉSeaux de l’enseignement et de la recherche), qui devait initialement se tenir en 2021, a été reportée pour cause de Covid et aura finalement lieu du 17 au 20 mai 2022 à Marseille. On pourra y découvrir plusieurs dizaines de présentations issues d’auteur⋅e⋅s de la communauté enseignement/recherche. Le programme complet est disponible sur le site de la manifestation.

À cette occasion, l’April tiendra un stand dans le village associatif.

Eda Nano, administratrice de l’April, interviendra avec Olivier Langella et Filippo Rusconi dans la conférence « Logiciels libres : à la recherche du bien commun », mercredi 18 mai de 15 h 10 à 15 h 30, salle 3.

Source april.org

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Poste de travail internet libre au ministère des Armées : une décision a-t-elle été prise ?

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Entre novembre 2020 et mars 2021, le ministère des Armées a conduit une étude sur l’opportunité de s’équiper en système libre sur le périmètre des postes de travail internet pour « réduire l’empreinte du fournisseur Microsoft en utilisant des solutions libres ». Un document dont l’April a finalement réussi à obtenir communication et qui confirme la faisabilité d’une telle migration. L’April demande au ministère des Armées d’indiquer quelle décision a été prise concernant la poursuite des travaux sur le poste de travail internet libre, notamment en ce qui concerne le scénario qui envisageait un déploiement à horizon début 2022.

Télécharger l’étude du ministère des Armées

Depuis janvier 20201, on savait que le ministère des Armées avait décidé la conduite d’une étude sur l’opportunité de s’équiper en système libre sur le périmètre des postes de travail internet. Cette étude a donc été conduite entre novembre 2020 et mars 2021 autour de deux scénarii complémentaires, et a conclu à la faisabilité opérationnelle d’une migration vers des systèmes libres sur les postes concernés. Il n’est pour l’heure pas possible de savoir si une décision relative à ces hypothèses a été prise.

Concrètement, l’étude s’est appuyée sur un certain nombre d’acteurs (Atos, Cap Gemini, Gfi/Inetum, Econocom, Linagora, Sopra Steria, Smile, Alter Way, T Systems) et concerne 15 000 postes (estimation) en « libre-service » (soit dédiés à une personne, soit partagés donc situés dans un espace commun). Les usages visés sont notamment la navigation internet libre, les besoins bureautiques simples, le transfert de fichiers depuis une clé USB et la prise en charge des principaux formats d’image/audio/vidéo. Le socle logiciel conseillé est Ubuntu.

Le premier scénario envisagé prévoit le remplacement des postes sous système privateur Windows par des postes libres sous Ubuntu, avec un déploiement à horizon début 2022 et une gestion en local. Le deuxième scénario envisage le déploiement des postes mais avec une infrastructure de gestion dédiée et donc la création d’un marché dédié et la conduite d’études supplémentaires. « Le scénario 1 permet un démarrage plus rapide du projet avec un investissement modéré. En cas de retour positif et d’une orientation stratégique / priorisation sur le périmètre internet, le scénario 2 pourrait être mis en œuvre dans la continuité du scénario 1 : une infrastructure dédiée permettrait d’optimiser la gestion de ces postes libres et une sortie plus marquée du modèle Microsoft en remplaçant les annuaires Microsoft Active Directory par un annuaire libre. » L’étude, en juin 2021, énonçait qu’en cas de décision sur la poursuite des travaux il faudra réaliser d’une part un MVP (un produit minimum viable en français) et « lancer un inventaire détaillé ». Qu’en est-il de cette décision ? Notamment en ce qui concerne le scénario 1 qui tablait sur un déploiement à horizon 2022 ? L’April espère obtenir réponse à cette question dans un délai raisonnable…

Au-delà de ces scénarii, un point saillant du bilan de l’étude est qu’il conclut à la faisabilité d’une migration vers un système libre, techniquement et fonctionnellement, c’est-à-dire pour les besoins des utilisateurs et utilisatrices des postes concernés : « un socle logiciel libre basé sur des technologies libres peut adresser la majeure partie des besoins sur le périmètre des postes internet ». Cette affirmation est loin d’être anodine, notament dans le contexte du « plan d’action logiciels libres et communs numériques » lancé par le gouvernement en novembre 2021 pour renforcer l’usage du libre au sein des administrations 2.

L’étude ne fait nulle part mention des postes de travail de la Gendarmerie nationale, dont 80 000 sont sous Ubuntu. Le retour d’expérience de la Gendarmerie serait pourtant fort utile pour le ministère 3.

Sur le prisme économique, le commentaire dans le bilan de l’étude est très révélateur. Sans disqualifier une éventuelle migration, le bilan est que « l’intérêt économique n’est pas avéré à ce stade, les hypothèses sont approximatives du fait d’un manque de données internes consolidées (vision détaillée de l’existant, charge de gestion actuelle des postes) ». Autrement dit, pas d’inventaire détaillé et consolidé des postes du périmètre concerné par l’étude ni de connaissance des coûts de gestion actuels (sous un système Windows de Microsoft). Un désordre donc — on peut d’ailleurs se demander à quoi sert l’accord Open Bar avec Microsoft 4 – qui nécessitera un effort financier en conséquence pour y remédier. L’étude note d’ailleurs que « sur ce périmètre restreint de 15 000 postes sur le réseau Internet, la migration sous un système « libre » demandera au ministère un financement important et imposera surtout un effort très conséquent en ressources humaines pour l’exploitant DIRISI 5 dans un contexte déjà très tendu dans ce domaine ». Plutôt que d’y voir une opportunité d’investir sur le long terme pour assainir la situation, ce commentaire sur « l’intérêt économique » pose la question de la volonté d’engager des changements systémiques en profondeur. Il est par ailleurs regrettable que la « vision financière » de l’étude ait été entièrement noircie, elle ne semble en effet relever d’aucun secret protégé 6.

En complément de la question des ressources, l’un des enjeux pour le ministère semble être la maintenance de postes de travail libres. L’étude note que « les offres libres entièrement managées sur étagère n’existent pas sur le marché français. En effet, les fournisseurs se positionnent plutôt sur des activités plus traditionnelles de conception et n’ont pas l’habitude de gérer le service de bout en bout. Il est donc difficile d’envisager un service complètement externalisé ». Elle poursuit en considérant que « cette faible maturité du marché explique pourquoi seulement deux acteurs ont répondu à la sollicitation ».

C’est une très bonne chose que le ministère des Armées prenne acte de sa dépendance à Microsoft et pose les bases de sa décontamination. Si une approche progressive, par étape, a généralement du sens, la mainmise de Microsoft sur le système d’information du ministère, concrétisée par 15 années d’accord Open Bar entre l’administration et la multinationale, doit poser la question d’une action systémique complémentaire beaucoup plus large, particulièrement dans un contexte de tension budgétaire et de « ressource humaine ». Cela passera notamment par un effort de transparence bien plus important, par une volonté politique d’engager les investissements nécessaires et, si la « maturité du marché » du logiciel libre peut être un enjeu, par le levier de la commande publique. Et plus particulièrement, donc, par la mise en œuvre d’une priorité au logiciel libre.

  • 1. Dans une réponse à une question écrite en janvier 2020, le ministère disait « men[er] actuellement une étude pour s’équiper d’un poste de travail entièrement libre (système d’exploitation et logiciels de bureautique), sur le périmètre de son réseau internet dédié ». Lire le communiqué de l’April
  • 2. Lire le communiqué de l’April : Plan d’action logiciels libres et communs numériques : le Gouvernement avance, à son rythme
  • 3. Nous avions reçu le 3 septembre 2019 dans le cadre de l’émission « Libre à vous ! » sur radio Cause Commune le lieutenant-colonel Stéphane Dumond, chef de bureau IT du Service des Technologies et des Systèmes d’Information de la Sécurité Intérieure de la Gendarmerie national.
  • 4. Officiellement, il s’agit d’un accord-cadre pour « le maintien en condition opérationnelle des systèmes informatiques exploitant des produits Microsoft », dont une des justifications est une meilleure gestion des systèmes d’information, et donc des postes de travail
  • 5. Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information
  • 6. Le 2° de l’article L. 311-5 du CRPA énumère les secrets protégés par la loi.

Source april.org

April Camp en présentiel (Paris) et à distance dimanche 27 mars 2022

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Un prochain « April Camp » aura lieu dimanche 27 mars 2022 en présentiel à Paris et en distanciel. Tout le monde, membre ou pas de l’association, peut participer en fonction de son temps disponible, de ses compétences, de ses envies.       logo

L’idée d’un « April Camp » est de se réunir pendant ou ou deux jours entre membres et soutiens de l’April pour faire avancer différents projets de promotion ou de défense du logiciel libre ou pour plus simplement discuter, faire connaissance. Les projets peuvent être de nature technique, des outils de communication, etc.

N’hésitez pas à vous inscrire sur le bloc-notes dédié (pour faciliter notamment l’organisation), à proposer des thèmes de travail, à juste passer nous voir. Vous y trouverez également toutes les informations utiles pour y participer.

Source april.org

 

L’April présente aux JDLL les 2 et 3 avril 2022 à Lyon

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  • Après deux éditions annulées pour cause de covid-19, les Journées du Logiciel Libre reviennent en 2022 et se tiendront le week-end des 02 et 03 avril à Lyon. Le programme sera bientôt disponible sur le site de la manifestation.

À cette occasion, l’April tiendra un stand dans le village associatif. Si vous avez des disponibilités, vous pouvez venir nous aider à tenir le stand quelques heures. Vous pouvez vous inscrire sur le wiki ou envoyer envoyer un message à contact-event AT april POINT org (liste non publique).
L’association fera plusieurs interventions :

  • Conférence « Promouvoir le Libre à la radio », par Isabella Vanni, animatrice vie associative et responsable projets pour l’April – samedi 2 avril 2022, de 11 h à 11 h 55 salle Rancy
  • Conférence « Bénévalibre, une réussite collective », par Laurent Costy, vice-président de l’April et Isabella Vanni – samedi 2 avril 2022, de 15 h à 15 h 55 salle Atelier du mouvement (anciennement Danse 1er étage)
  • Participation de Laurent Costy et de Marie Duponchelle, avocate à Compiègne et docteur en droit, ancienne administratrice de l’April, à la table ronde « Se défendre dans le monde numérique » – dimanche 2 avril, de 11 h 00 à 12 h 55 salle Rancy.

L’Expolibre sera également affichée.

Source april.org

Proposition de loi sur le contrôle parental : la vente d’équipements sans système d’exploitation hors de danger

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Le jeudi 17 février la commission mixte paritaire (CMP) chargée de proposer un texte de compromis entre les positions de l’Assemblée nationale et du Sénat sur la proposition de loi visant à encourager l’usage du contrôle parental a tranché : les équipements mis sur le marché sans système d’exploitation ne sont pas concernés par le dispositif. L’April, qui avait exprimé ses craintes à ce sujet, avait contacté les rapporteurs et les parlementaires membres de la commission et salue leur décision.

Lire le texte de la CMP

Dans sa rédaction initiale la proposition de loi laissait craindre comme potentiel effet de bord l’interdiction de la vente d’ordinateur sans système d’exploitation, son article 1er disposant qu’un dispositif de contrôle parental doit être préinstallé sur les équipements terminaux « donnant accès à des services et contenus en ligne […] ». Impossible donc sans système d’exploitation installé sur l’équipement. Un amendement adopté au Sénat, loin d’adresser la crainte, avait créé une exception spécifique pour les équipements « nus » à usage professionnel, renforçant le doute pour la vente aux particuliers 1. Fort heureusement, les membres de la commission mixte paritaire ont compris les risques et ont exclu, dans leur texte de compromis, l’ensemble des équipements mis sur le marché sans système d’exploitation du champ d’application de la loi.

« Le dispositif prévu au premier alinéa du présent I ne s’applique pas aux équipements mis sur le marché sans systèmes d’exploitation. »

L’April remercie les membres de la CMP, en particulier les rapporteurs Bruno Studer et Sylviane Noël, d’avoir répondu aux craintes exprimées.

En ce qui concerne la possibilité de désinstaller le logiciel de contrôle parental, la liberté n’est pas garantie en tant que telle mais il est précisé que la désinstallation doit se faire sans surcoût.

Les équipements vendus avec un système d’exploitation GNU/Linux sont concernés par l’obligation. Les modalités du texte, y compris les fonctionnalités minimales et les caractéristiques techniques, seront déterminées par décret en Conseil d’État.

Le texte doit être à présent approuvé par les deux chambres parlementaires. Le vote à l’Assemblée aura lieu le mardi 22 février, lors de la séance de 21 h 30, et celui du Sénat lors de la séance de 14 h 30 du jeudi 24 février.

Source april.org

Proposition de loi sur le contrôle parental : le doute demeure pour la vente d’équipements nus à des particuliers

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Le Sénat s’est réuni en séance publique mercredi 9 février pour discuter d’une proposition de loi sur la pré-installation de logiciel de contrôle parental. L’April avait transmis des propositions d’amendements pour adresser de potentiels risques pour les libertés informatiques. Malheureusement un amendement adopté entretient encore davantage le doute quant à une possible interdiction de fait de vendre à des particuliers des équipements sans système d’exploitation.

La proposition de loi — portée par Bruno Studer (député LREM) et discuté à l’Assemblée nationale avant d’arriver au Sénat – prévoit d’imposer aux fabricants d’équipements terminaux la pré-installation d’un dispositif de contrôle parental que la personne qui acquiert l’équipement pourra activer lors de la mise en service de l’appareil. L’April avait identifié deux risques pour les libertés informatiques, plus précisément pour la liberté de désinstaller le logiciel et la crainte que par effet de bord la vente d’ordinateur sans système d’exploitation se retrouve interdite. Elle avait transmis des propositions d’amendements pour adresser ces risques qui ont été repris par des sénateurs et sénatrices1.

Malheureusement, loin de garantir le droit d’acheter du matériel informatique sans système d’exploitation, l’adoption de l’amendement n°10 de la rapporteure — qui exclut du périmètre de la proposition de loi « équipements terminaux à usage professionnel mis sur le marché sans être équipés de systèmes d’exploitation » – nourrit l’incertitude. Qu’en est-il en effet des équipements terminaux mis sur le marché sans système d’exploitation pour les particuliers ? En défense de son amendement, si la rapporteure semble vouloir expliciter que seuls les équipements vendus avec des systèmes d’exploitation pré-installés rentreraient dans le champ d’application de la loi, elle entretient la confusion en laissant entendre que le marché des équipements « nus » ne concerne que des professionnels. La vidéo des débats, ainsi qu’un compte-rendu analytique sont disponibles sur le site du Sénat.

Plus clair dans sa prise de parole le ministre, Cédric O, énonce que, selon lui, aucun équipement terminal vendu sans système d’exploitation n’entre dans le champ d’application de la loi, ces équipements ne permettant pas en tant que tels d’accéder à des services de communication au public en ligne. Si cela n’apporte pas les garanties d’une exclusion explicite dans la loi elle-même, cette prise de parole n’en demeure pas moins utile pour confirmer, en cas d’éventuels contentieux, une interprétation plus restrictive du champ d’application. Cependant, au lieu de s’opposer en toute logique à l’amendement de la rapporteure il a préféré dire « sagesse », s’en remettant donc à la sagesse des sénatrices et sénateurs.

En ce qui concerne la possibilité de désinstaller le logiciel de contrôle parental, c’est l’amendement de repli de la rapporteure qui a été adopté. Il ne garantit pas cette liberté, mais précise que la désinstallation doit se faire sans surcoût.

L’April appellera les membres de la commission mixte paritaire qui se réunira pour aboutir à un texte final — compromis entre les versions des deux chambres parlementaires – à supprimer la mention « à usage professionnel » du nouvel alinéa introduit par l’amendement n°10, ou à défaut à supprimer complètement l’alinéa.

Source april.org

Rapport Latombe : systématiser le recours au logiciel libre dans les administrations, un enjeu de souveraineté numérique

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Nous recevrons le rapporteur Philippe Latombe le mardi 7 septembre 2021 dans l’émission Libre à vous !.

La mission d’information « Bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne », conduite par le député et rapporteur Philippe Latombe, a abouti avec la publication de son rapport le 12 juillet 2021. En ce qui concerne le logiciel libre, le rapporteur n’y va pas par quatre chemins et suggère d’« imposer au sein de l’administration le recours systématique au logiciel libre, en faisant de l’utilisation de solutions propriétaires une exception ». Une prise de position que l’April salue car elle rejoint sur le fond celle d’une priorité au logiciel libre historiquement portée par l’association.

Lire le rapport

Le rapport Latombe propose une grille de lecture globale des enjeux relatifs à la « souveraineté numérique ». À travers 65 propositions, dont « 30 propositions clés », le rapport explore notamment l’importante question du hardware (les composantes matérielles), fait le lien avec l’indispensable enjeu de la formation et, plus largement, avec la question de l’émancipation individuelle, rappelle le rôle de levier de la commande publique et la nécessité pour les pouvoirs publics de soutenir un « écosystème d’entreprises du numérique ». Parmi les 30 propositions clés, la proposition n° 52 appelle à systématiser le recours au logiciel libre au sein de l’administration.

Proposition n°52 : Imposer au sein de l’administration le recours systématique au logiciel libre en faisant de l’utilisation de solutions propriétaires une exception.

Lors de son audition 1, Stéfane Fermigier, coprésident du CNLL (Union des entreprises du logiciel libre et du numérique ouvert), s’exprimant sur les enjeux autour de l’informatique à distance, a fait remarquer les « niveaux de maturité variables selon les administrations » et que, malgré les annonces politiques sur la notion de souveraineté numérique, « de plus en plus d’acteurs se tournent vers des fournisseurs de cloud américains. Les contraintes qui en découlent risquent de contrecarrer à terme l’expansion des éditeurs de logiciels libres, mais aussi de l’industrie européenne du cloud ». Constat visiblement partagé par le rapporteur puisqu’il précise que « c’est dans cette optique [qu’il] souhaite faire du recours au logiciel libre une obligation au sein de l’administration, le recours aux solutions propriétaires devant devenir progressivement une exception ».

« Le recours au logiciel libre au sein des administrations publiques doit être fortement encouragé et devenir un principe ne souffrant que d’exceptions dûment justifiées. »

Le rapport présente explicitement la proposition n° 52 comme « l’aboutissement de la politique menée en ce sens par l’État ces dernières années ». Il cite ainsi la circulaire du Premier ministre Jean-Marc Ayrault de 2012 sur le bon usage du logiciel libre dans l’administration 2, l’article 16 de la loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique (malgré son manque de portée normative 3) et la récente circulaire du Premier ministre Jean Castex qui pose des bases intéressantes pour le logiciel libre 4. Mais ne nous y trompons pas, le rapporteur estime clairement qu’il est nécessaire d’aller plus loin qu’un simple encouragement à l’usage de logiciels libres. En appelant à systématiser le recours au logiciel libre, le rapporteur propose une nouvelle ambition, à la hauteur des enjeux.

Cette prise de position en faveur du logiciel libre n’est par ailleurs pas un cas isolé. Elle fait ainsi écho – tout en poussant plus loin l’ambition – au rapport Bothorel de 2020 sur l’ouverture des données, des algorithmes et des codes sources 5, base de la circulaire Castex, qui voyait notamment dans le logiciel libre « le moyen de créer enfin du partage et de la mutualisation dans le secteur public », et au rapport sénatorial de 2019 sur la souveraineté numérique qui soulignait l’urgence d’engager la réflexion sur le recours aux logiciels libres au sein de l’État 6. Si la parole politique semble généralement admettre que les administrations doivent davantage recourir aux logiciels libres, cela semble donc parfois difficilement se traduire en actes. Il est, à ce titre, particulièrement intéressant que la proposition du rapporteur intervienne dans une sous-section intitulée « faire du recours au logiciel libre un principe effectif au sein des administrations publiques ».

« Faire du recours au logiciel libre un principe effectif au sein des administrations publiques »

En appelant à systématiser le recours au logiciel libre, de manière effective, le rapport pose comme principe structurant que les libertés informatiques répondent à un impératif d’intérêt général – ici la « souveraineté numérique » – et correspondent à ce titre à des besoins impérieux des administrations. Ce qui en résulte est clair : lorsqu’une administration se procure une solution logicielle, il ne lui sera possible de se priver d’une ou des libertés informatiques (d’usage, d’étude, de modification, de partage) que si elle peut démontrer que son choix a été raisonné et que sa décision résulte d’une juste mise en balance de ses besoins dans le cadre de sa mission de service public.

Poser ainsi les choses permet de sortir d’un rapport strictement technique à l’informatique, qui opposerait deux solutions logicielles sur la seule base d’une performance qui serait à définir. C’est réaffirmer que le logiciel libre est une considération d’intérêt général, une considération politique, non un simple choix de « modèle économique » face auquel les administrations devraient rester neutres. C’est rappeler que les pouvoirs publics peuvent, doivent, poser le cadre de ce que revêt l’intérêt général, notamment dans la conduite de leur mission de service public. Le principe posé, la règle connue de tous permettra, le cas échéant, à l’ensemble des acteurs de concourir aux marchés publics dans le respect du principe d’égalité 7.

On pourra cependant regretter que le document ne précise pas davantage les modalités de mise en œuvre de cette proposition, ou qu’il n’explicite pas en quoi le logiciel libre répond à un enjeu de souveraineté numérique, si ce n’est que la proposition s’inscrit dans une section « une ambition de souveraineté qui implique des choix ambitieux ». Le rapport ne manque pas, toutefois, d’apporter des pistes de réflexion intéressantes sur les moyens à la disposition des pouvoirs publics pour répondre aux enjeux en cause, particulièrement le levier de la commande publique et le soutien aux « écosystèmes » des entreprises françaises. Si elles ne visent pas spécifiquement le logiciel libre dans le texte, elles peuvent matériellement aisément s’inscrire comme levier efficace d’une priorité effective au logiciel libre.

Le levier de la commande publique : mieux allotir et réformer l’UGAP

Dans une partie dédiée au soutien du « développement de l’écosystème deeptech français et européen », le rapporteur précise qu’il « considère donc que la commande publique doit davantage être prise en compte par l’État comme un outil de stimulation de l’offre privée et de soutien à la création d’un écosystème d’entreprises du numérique. » Le rapport aborde cet aspect essentiellement sous l’angle d’une préférence nationale et européenne, pour soutenir les tissus économiques locaux – dans lesquels s’inscrivent de fait une large partie des entreprises du logiciel libre, majoritairement de petite et moyenne taille. Dans cette perspective, le rapporteur note que « l’information sur les outils permettant de privilégier le recours aux acteurs français, à droit constant, doit ainsi être renforcée ». Il mentionne par ailleurs que « le recours plus large à l’allotissement pourrait ainsi, dans l’immédiat, être une piste à privilégier ». Reprenant les propos d’une des personnes auditionnées, le rapport souligne que « l’allotissement géographique et technique, sous réserve qu’il ne soit pas incohérent, est de nature à favoriser la candidature de PME implantées localement, tout en pouvant réduire l’intérêt des plus grands opérateurs à candidater ».

Proposition n° 28 : Créer un guide d’information des acteurs publics sur les outils de la commande publique, afin d’encourager, notamment, la pratique de l’allotissement, le recours par les collectivités au « dialogue compétitif » en matière de numérique et l’usage de la mention « Spécial France », toutes mesures qui permettront de rendre plus systématique le recours aux acteurs français au sein de la commande publique.

Parallèlement, le rapport pose que « les pratiques de l’Union des groupements d’achats publics (UGAP) sont également sources d’interrogations ». L’UGAP est une centrale d’achat qui a un rôle structurant dans la manière dont les acteurs privés accèdent aux marchés publics et dans la manière dont les administrations acquièrent des logiciels. Interroger ses pratiques semble donc en effet une piste essentielle. Or, le rapport constate que « l’UGAP privilégie les solutions prêtes à l’emploi, limitant la place des jeunes entreprises, dont les solutions innovantes sont en cours de développement. » Et, de la même manière, cette pratique limite l’accès des entreprises proposant de la prestation sur des logiciels libres. C’est ainsi que « pour [le] rapporteur il ne fait pas de doute que l’UGAP doit s’attacher à modifier ses pratiques de référencement afin de permettre un accès accru des entreprises françaises du numérique à la commande publique. » Indirectement cela semble pouvoir bénéficier à « l’écosystème » du logiciel libre en France, mais il l serait intéressant de pousser de pousser la réflexion sur le rôle que pourrait avoir l’UGAP dans l’objectif d’un recours prioritaire aux logiciels libres par les administrations.

Proposition n° 27 : Exiger de l’Union des groupements d’achats publics (UGAP) des délais raisonnables dans le traitement des demandes de référencement des acteurs de l’offre numérique française

L’enjeu du pilotage politique

Un des axiomes du rapport est la nécessité de conduire la « transformation numérique des administrations ». Il interroge, dans cette logique, la gouvernance et le pilotage de cette transformation numérique, en soulignant l’importance de cette question par le constat que « la crise sanitaire a fait la démonstration du recours massif […] des administrations publiques aux solutions américaines. »

Après un rappel des évolutions institutionnelles depuis 2011, de la création de la DISIC (Direction interministérielle des systèmes d’information et de communication de l’État) à celle de la DINUM (Direction interministérielle du numérique), présentées comme des « progrès notables […] en faveur de la transformation numérique de l’État et de la gouvernance des politiques numériques », le rapport fait des recommandations pour en améliorer le pilotage. Il reprend notamment la proposition de créer « un ministère du numérique de plain-pied, doté d’une administration et de moyens propres, qui aurait pour mission de porter les politiques numériques au niveau national, européen et international. ».

Proposition n° 45 : Créer un ministère du numérique, doté d’une administration et de moyens propres, et chargé de porter les politiques numériques aux niveaux national, européen et international.

Quelle qu’en soit la traduction institutionnelle possible, l’enjeu d’un pilotage efficace et d’une stratégie de long court des politiques publiques relatives aux systèmes d’information de l’État apparaissent indéniablement comme un enjeu déterminant. De ce point de vue, si la récente circulaire Castex sur l’ouverture des données et des codes sources donne des signes encourageants en termes d’ambition politique vis-à-vis du logiciel libre, l’actualité récente de la DINUM – avec la publication d’un catalogue de logiciels truffé d’erreurs et d’approximations 8 et des conditions de travail dégradées 9 – questionne fortement sur la volonté de la direction actuelle de mettre en œuvre correctement cette circulaire et, plus largement, de sa capacité à assurer le pilotage des politiques numériques de l’État.

Un enjeu d’« émancipation »

Alors que le débat autour de la souveraineté numérique semble souvent se focaliser sur les considérations industrielles et économiques, le rapporteur prend soin d’y inscrire l’enjeu de « l’émancipation individuelle ». Le premier titre de la partie consacrée à « bâtir une souveraineté numérique » rappelle que la politique menée en ce sens doit être « au service du citoyen ». Comment en effet, dans une société qui se veut démocratique, penser la souveraineté numérique sans penser l’impact des technologies sur nos libertés fondamentales et leur place dans notre construction en tant que citoyennes et citoyens, émancipé⋅es et pleinement en mesure d’exercer nos libertés et notre pouvoir d’agir politique.

Partant de ce constat, à travers plusieurs propositions, le rapport pointe l’importance de la formation dès le plus jeune âge aux « savoirs numériques fondamentaux » : « Il est en effet indispensable que l’appareil de formation français soit en capacité de transmettre de façon efficace et actualisée les savoir-faire permettant aux citoyens de garder la maîtrise de leur vie en ligne et de ne pas subir l’apparition de nouveaux usages. » Si, à nouveau, on peut regretter qu’aucun lien direct ne soit fait avec l’impératif d’user de logiciels libres – en tant qu’outils informatiques comme en tant qu’objet d’enseignement – , l’approche du rapport reste intéressante en ce qu’il semble en faire une question éminemment politique. Rappelons d’ailleurs ici que seul le logiciel libre permet l’apprentissage d’une relation libre et éclairée aux outils technologiques, plutôt qu’un formatage à des usages imposés par des logiciels privateurs. Sur ce point, le rapport aurait sans doute également gagné à étudier la situation de ce qui est généralement appelé le marché des Eductech qui semblent aiguiser l’appétit insatiable d’un certain nombre de multinationales de l’informatique privatrice, souvent intéressées par les données personnelles des élèves. Important enjeu de souveraineté s’il en est !

Proposition n° 17 : Former aux compétences numériques dès le plus jeune âge et tout au long de la scolarité et de la vie professionnelle.
Proposition n° 18 : Former les citoyens aux gestes barrières face au risque cyber.
Proposition n° 19 : Développer l’apprentissage du code à l’école pour doter les élèves des fondamentaux de cet alphabet du monde numérique.

Pour une ambition à la hauteur des enjeux : priorité au logiciel libre!

Pour conclure, le rapport Latombe offre un état des lieux et une réflexion intéressante sur la situation actuelle en termes de pratique des administrations, de leur autonomie et de leurs dépendances, il pointe les rapports de force et souligne l’importance d’une formation émancipatrice de l’informatique, etc. Mais surtout, en appelant à systématiser le recours au logiciel libre, le rapport marque une véritable rupture avec une certaine tendance actuelle à l’inaction, notamment au sein de la Direction numérique de l’État. Sans remettre en question la stratégie mise en place par la circulaire Castex en matière de logiciel libre, qui propose des choses intéressantes, le rapport montre la voie en direction de politiques publiques beaucoup plus ambitieuses, avec un changement de paradigme radical : l’informatique libre doit être la règle, le logiciel privateur l’exception.

Le constat est donc dressé : une administration souveraine – un service public fondé sur l’intérêt général – utilise prioritairement des logiciels libres. Ce gouvernement et cette législature seront-ils celui et celle qui concrétiseront ce principe en lui donnant valeur normative et en posant les bases réglementaires de sa mise en œuvre ?

Nous recevrons le rapporteur le mardi 7 septembre 2021 dans l’émission Libre à vous !.

Source april.org

Expolibre

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Cette exposition créée par l’April et illustrée par Antoine Bardelli permet de découvrir et de sensibiliser au logiciel libre, aux formats ouverts ainsi que plus largement aux licences et à la culture libres.

Elle est composé de huit panneaux :

Qu’est-ce que le logiciel libre ?

Les enjeux du logiciel libre

Les logiciels libres au quotidien

Les formats ouverts

Les atouts pour l’éducation

Licences et cadre juridique

Au-delà du logiciel libre

A propos de l’April et de l’Expolibre

Il est possible de télécharger les panneaux mais aussi de les louer pour organiser une exposition.

Auteur de l’illustration:

April, Antoine Bardelli

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Source april.org